(Gabrielle Spenard-Bernier)
Bonjour tout le monde.
Nous sommes rassemblés aujourd’hui sur l’île de Montréal, aussi connue sous le nom de Tiotia:ke, sur le territoire traditionnel du peuple Kanien’kehá:ka. Ce lieu a également été un lieu de rencontre historique pour d’autres nations autochtones, dont les Omàmiwinini ou le peuple algonquin.
Merci pour toutes vos présences en cette Journée internationale des droits des femmes.
(Steve Gagnon)
C’est d’ailleurs en sortant du ventre de l’une d’elles que chacun de nous a pu voir le jour.
Défendre les droits des femmes, c’est défendre les droits des enfants et de tous les humains.
(G)
Des droits qui sont de plus en plus menacés, alors qu’on les croyait protégés.
(S)
Je veux m’adresser aux hommes québécois:
Dans les dernières décennies, il y a eu certes évolution
dans les rapports hommes/femmes qui tendent à être de plus en plus sains et égalitaires, de moins en moins ancrés dans une dynamique de domination.
Mais je suis ici aujourd’hui pour vous dire qu’il faut être vigilants face à la remontée du masculinisme et à ce retour aux valeurs traditionnelles dans les discours de plus en plus présents sur les réseaux sociaux.
Je suis ici pour vous dire qu’il est de notre responsabilité de nous faire entendre aussi, avec toutes ces femmes, pour affirmer que nous refusons fermement cette façon de les mépriser, de les contrôler et de brimer leurs droits.
Les hommes que nous sommes aujourd’hui
Ici au Québec
ne devons plus accepter le règne patriarcal ni toutes formes de misogynie.
Parfois elle peut être insidieuse, soyons vigilants.
Nous non plus n’accepterons aucun recul.
Aucun retour en arrière.
Soyons debout, au front, ardents, avec elles
Les co-instigatrices de Mères au front ont quelques mots à vous dire.
Juste après leur prise de parole, nous vous inviterons à former une chaîne humaine : que chacun et chacune prenne les mains de ses voisines et voisins. Une fois les chaînes complétées, nous vous donnerons le coup d’envoi pour le 8 minutes de silence. Les enfants sont libres : pas de “chut” pour eux durant ces huit précieuses minutes, mais nous, tentons de tenir le silence - qui se fera en même temps que celui de milliers d’autres personnes, actuellement aussi réunies, partout sur le territoire. Mais avant de former les chaînes, Anaïs et Laure vont vous adresser quelques mots.
(Laure Waridel)
En ce moment même, à l’appel de Mères au Front et en solidarité avec la Marche mondiale des femmes, des milliers de personnes sont rassemblées à Montréal, Québec, Ottawa, Sherbrooke, Chicoutimi, Frelighsburg, Cacouna, Val-David, Victoriaville, Joliette, Gaspé, Chandler, Baie-Comeau, Chicoutimi, Percé, Rouyn-Noranda, Candiac. Nous sommes rassemblés pour dénoncer les politiques injustes et inhumaines décrétées par l’administration Trump-Musk.
Tous ces rassemblements ne sont que la pointe visible d’une Résistance encore naissante.
Simone de Beauvoir écrivait:
« N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
Vigilantes, nous sommes. Devant le consulat général des États-Unis, nous nous tenons droites, fortes et fières avec nos enfants, nos amoureux et nos amis.
(Anaïs Barbeau-Lavalette)
Nous avons un mot à dire à Donald Trump, à Elon Musk, à Vance et à l’oligarchie qui les entourent. Nous les prononcerons en anglais pour être certaines d’être comprises :
(L)
We see you for the bullies that you are.
We know that the only way to confront a bully is to stand up to him.
And so we are here to tell you:
Shame on you for your treatment of women,
for your betrayal of your friends and allies,
(A)
Honte à vous, à cette façon que vous avez de nous mépriser toutes.
Honte à toutes les immondes trahisons que faites subir à ceux qui furent vos ami.es, vos allié.es
(L)
Shame on you for destroying in weeks the goodwill America has built over decades,
for siding with murderers and despots and for bringing out the worst instincts in your countrymen
who are so much more.
(A)
And we are here to tell you:
We won’t take a single step back.
“You are not kings. We are not handmaids.”
“Vous n’êtes pas des Rois et nous ne serons jamais vos servantes.”
(L)
You can try to intimidate us with trade wars,
We’ll never become your 51st state.
Jamais, au grand jamais, nous ne deviendrons votre 51e état.
(A)
Nous sommes une société distincte.
La solidarité sera notre bouclier.
(L)
Our values are too different and they are strong.
Solidarity will be our shield.
We will never surrender.
On ne pliera pas l’échine.
(A)
Un mot pour nos sœurs états-uniennes.
American sisters, queridas hermanas :
(L)
Most Canadians live within an hour’s drive of the longest undefended border in the world.
Let’s not forget that our friendship is as long-lasting as it is precious to both our nations.
(A)
Notre amitié est précieuse et indestructible.
Nuestra amistad es tan larga como preciosa.
(L)
We have been through a lot together
and it is side by side that we hope to confront injustice, inequality, climate change and technological revolution in the world.
Together We Stand
Together We Rise
Together We Thrive
(A)
Saldremos adelante, juntas nos levantamos, juntas prosperaremos.
NOUS SOMMES ENSEMBLE ET C’EST À NOUS D’ÉCRIRE LA SUITE DE L’HISTOIRE
Pour que notre récit soit immortel, pour qu’il soit ineffaçable.
(L)
Nous ferons bientôt 8 minutes de silence pour Jasmine, Irène et Marie-Claude qui aujourd’hui perdent leur emploi à cause des mesures tarifaires imposées.
8 minutes de silence pour Wendy, qui ne se fait pas avorter par crainte d’être poursuivie au criminel.
8 minutes de silence pour Miranda, travailleuse agricole arbitrairement arrêtée, menottée, emprisonnée et renvoyée dans son pays.
8 minutes de silence pour Tracy, femme trans ouvertement ostracisée.
(A)
8 minutes de silence pour toutes les femmes autochtones qui sont épuisées de se battre pour revendiquer leur droit de, simplement, exister.
8 minutes de silence pour Zélensky et pour Radia, Nadeja, Vera : femmes ukrainiennes dépossédées et humiliées.
8 minutes de silence pour Gaza et pour Rand, Tamara, Soraya : femmes palestiniennes déshumanisées et massacrées.
(L)
8 minutes de silence pour TOUS nos enfants dont la santé et la sécurité sont menacées par les extrêmes climatiques, la perte de biodiversité, la pollution et les politiques anti-environnement de l’administration Trump-Musk.
(A)
Que les 8 prochaines minutes de silence soient chargées de tout ce qui nous unit, maintenant et pour toujours.
8 minutes de silence pour nos mères. Pour leurs mains, pour leur courage, pour leurs batailles et leurs tendresses.
8 minutes de silence pour le sang. Celui qui fait pulser nos cœurs, celui qui coule entre nos jambes, celui de nos résistances.
8 minutes de silence pour nos filles. Pour leurs puissances, pour leurs joies infaillibles, pour leurs rires, pour leurs larmes et leurs vertiges, pour la douceur de leurs peaux, pour leurs rêves précieux, ceux pour lesquels nous ferons des révolutions.
8 minutes de silence pour toute la vie qu’il nous reste.
Nous vous invitons maintenant à vous prendre par la main et à débuter une grande chaîne, barrage à la déshumanisation.
RÉSISTER, il nous faut résister ENSEMBLE.
Résister à la désinformation et aux mensonges propagés par la nouvelle oligarchie américaine. Des mensonges redoutables qui nous empêchent de distinguer le vrai du faux, s’attaquant directement à notre boussole morale. Celle qui nous permet de prendre de bonnes décisions.
(L)
Résister, résister ensemble à l’influence américaine lors des élections canadiennes à venir.
Résister à la montée de l’extrême droite.
Résister, résister ensemble en boycottant les produits américains, en achetant local, québécois et canadien. En investissant dans notre souveraineté économique et une vraie transition écologique et solidaire.
Résister, résister ensemble en s’organisant et en s’engageant dans nos communautés pour prendre soin de notre monde.
(A)
Résister, résister ensemble face au désespoir.
Faire un doigt d’honneur à l’impuissance.
Continuer de rire et de danser. Continuer de regarder le soleil.
Continuer de s’émouvoir devant l’immense beauté du monde.
Personne n’aura jamais le pouvoir de nous arracher notre capacité à nous émerveiller.
Et si nous sommes des milliards à nous sentir seul.es : une fois debout, nous devenons une révolution.
Soyons le contre-pouvoir : L’HISTOIRE NE S’ÉCRIRA PAS SANS NOUS.
(A)
Un IMMENSE MERCI à BEYRIES pour cette magnifique interprétation de la chanson de Richard Desjardins! Merci à INGRID ST-PIERRE pour sa puissante Reine et à DEBBIE LYNCH WHITE et AUDREY PERREAULT pour leur Une sorcière comme les autres, chanson écrite par Anne Sylvestre.
(L)
Parce qu’on ne peut pas se quitter comme ça sans se donner de prochains RDV, nous vous transmettons une invitation de nos amies de la Marche du pain et des roses qui célèbre ses 30 ans. Elles mobiliseront en région du 26 mai au 4 juin, puis le 7 juin nous invite à une marche à Québec. L’autre RDV, c’est celui de la Marche mondiale des femmes, nous y prendrons part le 18 octobre à Québec pour être entendues par nos élus. Car ici aussi, il y a encore des batailles à mener.
(A)
L’idée d’organiser ce soulèvement nous est venue il y a à peine deux semaines! Grâce à votre présence à toutes et tous, grâce à vos élans et vos partages, un miracle s’est produit.
* Si Anaïs Barbeau-Lavalette et Laure Waridel sont les principales autrices de ce discours, nous remercions chaleureusement la professeure en communication politique à la retraite, Isabelle Gusse pour la structure de départ et plusieurs excellentes tournures, ainsi que l’apport de Bruce Johnson, notre avocat préféré qui au-delà de sa contribution à ce discours soutient Mères au front depuis ses débuts. Grand merci aussi à Steve Gagnon pour son témoignage d’homme du 21e siècle dans ce texte ainsi qu’à Nathalie Ainsley pour ses judicieux commentaires.